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Que devenez-vous?
Je vis aux Etats-Unis depuis le 24 septembre 1999. J’y étais allé finir mes études universitaires. J’ai obtenu mon doctorat à Howard University en 2009 en Politique publique et Développement en Afrique au département d‘Etudes Africaines. Ma thèse avait pour titre “Discours sur l’Intégration économique régionale: vers une Théorie de Développement Panafricain Authentique”. Comme le titre de la thèse l’indique, mes recherches académiques sont sur le panafricanisme, notamment sur la politique économique du panafricanisme et le développement international. J’ai tenté de proposer une architecture de développement intègre du continent dans le cadre du panafricanisme. Il est important de signaler que la lutte pour la liberté, la justice et l’unité de l’Afrique est ma vie.
Comment vous jugez le régime en place?
Ouattara a échoué. Et je fais partie de ceux qui étaient convaincus qu’il échouerait. Les raisons sont simples.
Le projet de conquête de pouvoir de Ouattara était bâti sur du faux. Ouattara dirige la Côte d’Ivoire dans un rattrapage ethnique. Il a fait croire au monde entier qu’on massacrait les musulmans, les nordistes auxquels on déniait leur citoyenneté ivoirienne.
ses partisans ont répandu qu’il y avait des enfants esclaves au temps de Gbagbo dans les plantations.
Tout cela, juste pour le pouvoir. Alors, il a conçu un projet d’attaque des institutions de l’Etat afin que sa candidature soit acceptée et pour instaurer disaient-ils “un nouvel ordre politique basé sur l’égalité, la justice, la liberté”.
La guerre était ainsi justifiée. Et des innocents ont été tués pour des ambitions politiques. Et quand il y a eu la crise postd’innocentes personnes. Il peut encore demander pardon à des vivants dont des centaines croupissent en prison.
Peut-il ressusciter les morts, notamment ceux du massacre de Duékoué?
Comment vous jugez la crise qui oppose Soro et Ouattara ?
electorale 2010-2011, il a encore eu recours à la guerre. Une violence sans précédent, s’est abattue sur le pays et l’on connait le sort réserve aux partisans de Gbagbo.
Quand les Ivoiriens se plaignaient de ne pas avoir de l’argent, Ouattara a ironisé en disant que l’argent ne circule pas parce qu’il travaille.
Les Ivoiriens sont désabusés. Et ceux qui ont cru en lui sont désillusionnés. Notre pays, selon des diplomates occidentaux, connait une vague de détournements et de marches de gré à gré jamais vus auparavant.
Ceux qui l’ont choisi se rendent compte qu’ils ont fait une erreur de casting.
Ouattara a davantage divisé le pays et ses propres partisans lui en veulent.
Et le développement tant chanté par les multinationales n’est qu’un mirage. Il y a de nombreuses injustices qui jalonnent sa gestion.
Quelle est votre vision de la Côte d’Ivoire?
La Côte d’Ivoire ne s’accommode pas des idéologies de repli identitaire comme l’ivoirité et le rattrapage. On ne peut se plaindre de l’ivoirité et placer à des postes importants, partout dans une Nation melting-pot et multiculturelle comme la Côte d’Ivoire, des gens d’une seule région. Dans notre pays, nous avons des Ivoiriens qui s’appellent Tchicaya, Gadegbeku, Duncan, Koffi, Moussa, Lahissi, Ouédraogo, Hassan, Chamberlain, Digbeu… La Côte d’Ivoire est le creuset de l’Afrique rassemblée, le microcosme de l’Afrique unifiée. Elle devrait capitaliser toutes ses potentialités pour être le moteur de la nouvelle dispensation du panafricanisme, du développement intégré de l’Afrique et de la prospérité partagée.
Notre prospérité dépend de la qualité de nos relations avec les pays de la sous-région dont les populations vivent sur notre sol «Le procès de Gbagbo est aussi le procès de la France». et dont certains sont des parents de nombreux Ivoiriens. si nous réussissons à unifier la Côte d’Ivoire, on a là, un modèle d’intégration africaine réussie autour duquel on peut jeter les bases de la Nation africaine. La crise ivoirienne est venue pour nous faire prendre conscience de notre identité, de notre responsabilité historique qui est de jeter les bases d’une Afrique qui marche inexorablement vers son unité. Au-delà de la réconciliation qui est au bout de toutes les lèvres ces jours-ci, il faudrait réfléchir à la possibilité de jeter les bases d’une Nation réunifiée dont les populations s’accordent autour des valeurs communes afin que notre pays assume son rôle de moteur de la nouvelle dispensation du panafricanisme.
Quelle est votre approche de la réconciliation en Côte d’Ivoire?
L’un des vrais problèmes de la crise ivoirienne, c’est que personne ne veut assumer sa part de responsabilité dans la tragédie ivoirienne, pas même ceux qui ont tenté le coup d’Etat et tué pour assouvir leurs ambitions personnelles. Il n’y a pas de coupables, ni de bourreaux, tout le monde se considère victime.
Aujourd’hui, la rébellion a appauvri la Côte d’Ivoire et plus particulièrement le Nord. La crise politico-militaire nous a mis en retard.
J’ai parcouru Accra de fond en comble, Notre pays n’est plus la 2e puissance économique de la sous-région. Nous sommes désormais derrière le Ghana. Et des pays comme le sénégal sont en train de faire des progrès énormes. Un projet de réconciliation qui s’appuie sur la malice, la ruse, et qui est fait pour l’assouvissement d’un projet de conquête ou de maintien au pouvoir est voué à l’échec. Autant Ouattara est disqualifié pour unifier le pays, autant soro ne peut être la personne indiquée pour mener une campagne de véritable réconciliation. Il fait partie du problème. C’est une alchimie presqu’impossible de vouloir se présenter comme l’homme du consensus et du rassemblement après avoir attaqué et tué Je ne suis pas surpris par cette crise entre soro et Ouattara. Guillaume soro se rend désormais compte de la vacuité et de la vanité de ce qu’il trouvait comme projet d’instaurer un nouvel ordre politique en politique qui serait basé sur la liberté, la démocratie, la justice. Il est devenu l’agneau sacrificiel. Ceux qui l’ont armé veulent l’immoler sur l’escabeau de leurs ambitions personnelles et de certains calculs politiciens. Et les mutineries, la guerre de succession du clan Ouattara, l’insensibilité du régime par rapport aux souffrances du peuple démontrent de la vanité de leur désir d’instaurer un nouvel ordre basé sur l’égalité et l’équité. Et comme le chemin de soro est parsemé de nombreux cadavres, il faut plaindre notre pays. Aujourd’hui, les observateurs sont unanimes pour dire que certaines mutineries avaient un dessein inavoué.
Quel est votre regard sur le procès de Gbagbo ?
Le procès de Gbagbo est aussi le procès de la France, du néocolonialisme, de la Francafrique, et de la Cpi. Le cas Gbagbo vient rappeler à l’Afrique et à sa diaspora le sort tragique du leadership Africain depuis des siècles, depuis le temps de l’esclavage, en passant par la colonisation jusqu’à nos jours. Je citerai quelques exemples: l’assassinat de Um Nyobe en 1958, l’assassinat de Barthelemy Boganda en 1959, l’assassinat de Patrice Lumumba, en 1961, le renversement et la mort tragique de sylvanus Olympio en 1963, l’emprisonnement de Nelson Mandela en 1964, l’assassinat de Malcolm X en 1965, le coup d’Etat contre Kwame Nkrumah le 24 fevrier 1966, l’assassinat de Dr. Martin Luther King en 1968, l’assassinat de Thomas sankara, en 1987. Au 21e siècle, le procès de Gbagbo ravive les douleurs, remémore les tragédies de certains leaders africains qui ont osé dire “non”. Le bombardement de son palais, son humiliante capture, la maltraitance de simone Gbagbo, le spectacle de la mort de Kadhafi valent 1000 ans d’éducation politique. A quelque chose malheur est bon, dit-on. Maintenant, les Africains sont révoltés et la révolte contre la France néocolonialiste grandi. Nos voix deviennent audibles et l’émotion panafricaine devient plus forte grâce à la guerre néocoloniale contre la Côte d’Ivoire.
Vous etiez à la deuxième édition du Festival panafricain intellectuel et culturel Kwame Nkrumah.
Quelles en sont les conclusions?
Le Festival panafricain intellectuel et culturel Kwame Nkrumah est une plate-forme qui a été mise sur pied par l’Institut des Etudes africaines de l’Université du Ghana pour célébrer les idées, l’héritage politique et le projet de l’unité africaine de Kwame Nkrumah, le premier Président du Ghana. La première édition de cette plate-forme a été organisée en 2010. Du fait des difficultés financières, les éditions de 2013 et de 2015 de ce rendez-vous bi-annuel n’ont pu avoir lieu. C’était donc la deuxième édition qui a eu lieu du 26 juin au 1er juillet 2017.
La Déclaration d’Accra a sanctionné cette conférence qui a rassemblé des centaines de panafricanistes, chercheurs, personnalités politiques, étudiants, journalistes et chefs des petites et moyennes entreprises.
Il il faut mettre macroneriesfaut mettre macroneries’ai eu le plaisir de rencontrer pour la première fois, des Ivoiriens panafricanistes, notamment les jeunes du Club panafricain universitaire.
Les participants se sont accordés à créer une nouvelle unité afin que le curriculum scolaire soit transformé pour le seul but de l’unification et du développement intégré de l’Afrique. Cette plate-forme a le potentiel d’être le berceau du panafricanisme. Vous faites la promotion d’une nouvelle articulation du panafricanisme.
Quels en sont les fondamentaux?
La nouvelle articulation du panafricanisme que je promeus a pour idéologie la philosophie Ubuntu qui est un élément fondamental de fonctionnement des sociétés Bantoues et noires d’Afrique.
Elle se dissocie donc du socialisme et du capitalisme. Le mouvement panafricain, depuis son existence formelle, des le début du 20e a été le théâtre des approches divergentes par rapLe procès du président Gbagbo mobilise les Africains. brassé l’économie de marché sur le fondement de leurs valeurs culturelles respectives, le collectivisme russe et le confucianisme.
Tout récemment, le Président chinois a publié un ouvrage “Comment Lire Confucius” En Afrique, du Cap au Caire, nous avons une philosophie qui par essence est panafricaine. Elle met l’accent sur port à l’identité raciale, de qui peut être impliqué dans le projet panafricain, la méthodologie d’unification et de création des Etats-Unis d’Afrique, et la question de l’idéologie. L’histoire des indépendances, et de la construction des Nations africaines nouvellement indépendantes a montré l’opposition capitalisme et socialisme.
De nombreux grands panafricanistes ont adopté le socialisme comme idéologie et voulaient construire les EtatsUnis socialistes d’Afrique. C’est le cas de Kwame Nkrumah. Le panafricanisme n’est pas un mouvement statique. Il doit s’adapter aux défis nouveaux, surtout à la lumière des crises successives du socialisme, la chute du mur de Berlin en 1989, la De-sovietization de l’Europe de l’Est dont de nombreux pays ont adopté l’economie de marché, y compris l’Union soviétique. Même la Chine est devenue un chantre du libéralisme économique.
Cela, c’en était pour la crise du socialisme. Avec la chute de Wall street en 2008, le capitalisme n’a plus le même attrait et de nombreux penseurs essaient de réfléchir à des théories alternatives, comme l’économie sociale solidaire et autres. Il convient de préciser que la Russie et la Chine ont eml’unité culturelle et linguistique de plusieurs centaines de peuples d’Afrique. Et c’est Ubuntu qui a plusieurs variantes dans plusieurs langues Bantoues. La maxime d’Ubuntu est “Une personne est une personne à travers d’autres personnes.
” Comment vous entrevoyez les rapports entre l’Afrique et la France sous Macron?
Macron a eu un beau parcours pour arriver au pouvoir, mais il n’a pas une vision innovante pour la France. Il a réussi à recomposer la carte idéologique en France. Il est français et veut assurément continuer l’hégémonie de la France sur l’Afrique. Il ne démantèlera pas la Francafrique. Mais il a un problème et il semble ne pas s’en rendre compte. Il y a un rejet de la France, une allergie à tout ce qui est Français auprès d’une portion importante de la population Africaine. Les générations présentes d’Africains n’en veulent plus de ce paternalisme doublé de racisme et de néocolonialisme de la France. Et ce joug qui nous étreint. Ces marchés quasi captifs que constituent les 14 pays de la zone franc. Nous ne contrôlons pas les leviers de notre économie. Nous n’avons pas d’industriels. Nous sommes victimes d’un mal développement dont les plus grands bénéficiaires sont les Occidentaux. C’est après eux que viennent une certaine élite ivoirienne d’ailleurs corrompue par eux. Il faut bien que cela cesse un jour. Les Noirs que nous sommes, comme tous les êtres humains, aspirons à la liberté, à la dignité, au bonheur, à la possibilité de jouir de nos propres ressources. Alors, il nous faut une meilleure organisation pour la conquête de notre souveraineté économique. Et cela, au-delà des déclamations, des déclarations et des professions de foi. Nous pouvons commettre des erreurs de bonne foi ou causés par ceux qui n’ont pas intérêt à ce que l’Afrique soit libre. Comme Kwame Nkrumah l’a dit, nous devons avoir le droit de faire nos propres erreurs et qu’ils nous laissent en paix et on verra si l’Afrique ne peut se développer. Comment les pays africains peuvent-ils se développer quand le secteur financier et bancaire, l’eau, l’électricité, les télécommunications, les infrastructures routières, les ressources minières sont aux mains des compagnies étrangères occidentales qui font des superprofits et que les nombre des pauvres de chacun de ces pays est au moins de 50%? Il y a un renouveau de la conscience panafricaine. Et la puissance impériale ne peut arrêter cela. Au moment où certains croyaient encore en leur bonne foi, sous nos yeux, ils ont détruit la Libye et bombardé la Côte d’Ivoire.
Et cela a éveillé les consciences des peuples d’Afrique. Comme les Américains le dissent, “It was a blessing in disguise!”. Pour le reste, ce que j’appelle les macroneries, ou si vous voulez, les conneries de Macron, quand il dit que l’Afrique a un problème civilisationel, il aura le temps de se rendre compte qu’il ne peut continuer à parler ainsi. Même des leaders que nous ne célébrons pas comme Idriss Deby et Alpha Condé donnent de la voix par rapport à ce système qui les étouffe et détruit l’Afrique.
Une Afrique nouvelle est en train de germer sur les fonts baptismaux d’une nouvelle alliance, d’une unité nouvelle. Cette Afrique triomphera à coup sûr, car l’unité est la loi de Dieu.
Source:journal le temps
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