jeudi 16 février 2017

L'Etat africain en question


  1. L'Etat africain en question 

 Jusqu'en 1980, la tendance dominante en Afrique a été celle d'une extension progressive de l'emprise de l'État sur l'économie.
Certes, ce phénomène n'a pas connu la même ampleur dans tous les pays, en raison notamment de la diversité de leurs options politiques; mais même dans ceux où le projet défendu par les groupes au pouvoir était, à terme, de créer une économie fondée sur les mécanismes de marché et de faciliter l'éclosion d'un secteur national privé, les interven-tions de l'État apparaissaient comme le vecteur naturel du « décollage» économique. Confirmé au plan théorique par l'influence des thèses keynésiennes, le rôle prééminent de l'État relevait partout de l'évidente nécessité. L'État africain était devenu le démiurge du développement.
Les désillusions sur l'efficacité du rôle de la puissance publique en Afrique sont apparues au début des années 80. Elles méritent un examen particulier. Elles ne peuvent pas uniquement s'expliquer par les limites des modèles de développement qui ont servi de référence. Il faut rechercher l'origine de la crise de l'État africain dans la logique singulière d'accumulation et de redistribution qui présidait à son fonctionnement et qui ne pouvait pas lui permettre de réaliser les responsabilités qu'il prétendait pouvoir assumer. Après avoir identifié les symptômes les plus caractéristiques du dysfonctionnement de l'État dans le domaine économique (1.1.), nous tente-rons de comprendre la nature de cet objet fantomatique qu'est l'État en Afrique2 (1.2.), enfin nous analyserons les défis politiques que la crise économique fait naître pour l'actuelle décennie (1.3.). 1.1. LA FAILLITE INSTRUMENTALE DE L'ÉTAT La critique de l'interventionnisme en Afrique est déjà ancienne.
 On la retrouve dans des textes du FMI et de la Banque mondiale du début de la décennie 1980, lorsque les deux institu-tions commencèrent à être sollicitées par un nombre croissant de pays pour la mise en place de programmes d'aide à la balance des paiements. À l'époque, les deux institutions ne s'intéres-saient qu'à identifier les symptômes de la crise (les déficits budgétaires et des paiements) et leurs diagnostics portaient sur l'illusion de la planification volontariste et « l'étatisation outrancière » des économies africaines. Les deux institutions se sont progressivement dotées d'un potentiel .
critique important, dénonçant les incohérences patentes des options de développement et des procédures de gestion. 1.1.1. La déroute des systèmes de planification Au début de 1966, vingt-sept États africains avaient déjà élaboré leur plan de développe-ment3. L'engouement pour cette procédure d'organisation de l'économie était considérable; la planification cristallisait toutes les aspirations nationales pour la construction d'une société tour-née vers le développement et la conquête de l'indépendance économique. Cet intérêt accordé aux techniques de la planification en Afrique a aussi été encouragé par les agences spécialisées des Nations-Unies et la Banque mondiale. Dans l'esprit des premiers planificateurs africains, la mise en œuvre d'une stratégie d'indépendance économique signifiait concrètement le change-ment des structures socio-économiques internes, la rupture avec la dépendance commerciale et financière extérieure, la réallocation volontariste du surplus vers les secteurs productifs d'import-substitution et d'exportation, la mobilisation des forces paysanne et ouvrière ... La pla-nification, instrument de cette stratégie, était étroitement associée à l'idée de développement rapide et autocentré. L'ambition était alors prométhéenne. Citons seulement pour mémoire le préambule du premier plan nigérian: « l'objectif de la planification n'est pas seulement d'accé-lérer le taux de croissance économique et le rythme d'amélioration possible du niveau de vie du peuple. Il s'agit aussi que ce peuple soit de plus en plus en mesure de décider de son destin, en réduisant la dépendance du pays vis-à-vis de l'aide extérieure, des investissements privés de capitaux étrangers et des fluctuations soudaines des prix des produits exportés ».
 Le succès de la planification trouvait aussi son origine dans des considérations politiques. Le plan s'identifiait à l'État qu'il fallait créer de toutes pièces. Il était un instrument essentiel dans la conquête par les élites africaines d'une légitimité, tout comme il l'avait été antérieurement en URSS, en Inde, en Chine ou dans d'autres pays en quête de leur identité nationale.
 Sans exception, tous les auteurs de la théorie dominante en matière de développement confirmaient cette approche où l'État devait jouer un rôle central dans l'organisation du processus d'accumulation. Au milieu des années 80, tous les États africains disposaient encore d'une structure centrale de planification. Quarante-sept d'entre eux avaient formellement adopté un plan à moyen terme. Seuls l'Éthiopie, le Mozambique et le Tchad faisaient exception. Depuis quelques années, les systèmes de planification africains traversent une phase de remise en cause très profonde. Cer-tains n'hésitent plus à dénoncer leurs effets pernicieux. L'absolue nécessité de procéder aujour-d'hui à des ajustements douloureux pendant plusieurs années trouverait l'une de ses origines dans la faillite de procédures volontaristes, centrées exclusivement sur l'accumulation du capital et impliquant toujours un rôle économique prééminent de l'État, rôle que celui-ci se serait en fin de compte révélé incapable d'assume.

2 commentaires:

  1. S'il Y a des comptes à demander, c'est moins aux individus qu'aux systèmes.

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